Robyn Orlin

We wear our wheels with pride

AND SLAP YOUR STREETS WITH COLOR… WE SAID “BONJOUR” TO SATAN IN 1820

Aussi exubérantes que mordantes, les pièces de Robyn Orlin allient la jubilation à la violence sociale dont elle tient à témoigner. Cette nouvelle création virevoltante est fondée sur un souvenir d’enfance en Afrique du Sud. La chorégraphe y rend hommage aux conducteurs de taxis-vélos, les rickshaws zoulous. 

« Nous portons nos roues avec fierté et nous colorons vos rues… nous avons dit “bonjour” à Satan en 1820. » Tout est dit dans le titre à rallonge qui donne le ton aux pièces de Robyn Orlin. C’est ainsi que la chorégraphe, en synergie avec plusieurs remarquables danseurs sud-africains de la compagnie Moving Into Dance, est entrée en création. L’image des rickshaws zoulous aux temps de l’apartheid conduit le spectacle. Rivalisant de souplesse et de rapidité, redoublant d’inventivité pour personnaliser leur véhicule et leur tenue vestimentaire, les conducteurs de ces taxis-vélos lui « semblaient danser, le corps suspendu dans les airs. » Avec en mémoire ces flamboyants acrobates de la rue, la chorégraphe s’attache aussi à l’envers du décor, creusant la question du colonialisme et de ses suites, donnant au spectacle une puissante résonance politique. Fantasque et iconoclaste, l’artiste sud-africaine a fait de son sens de l’humour une arme décapante pour aborder ces territoires du réel. Portée par cette forme d’activisme artistique, elle réalise ici une fresque chorégraphique qui irradie de ses convictions : « Je n’ai pas le souvenir d’une période où l’art n’aurait pas été en interaction avec le monde… La poésie, la folie et la douleur de nos vies quotidiennes rendent difficile la séparation entre les deux… »