Explorant un microcosme familier, la cour de récréation, le spectacle 10:10, de la compagnie Nyash, s’empare du temps et de l’espace. Sur scène, l’urgence à s’amuser réveille une fantaisie ludique que musicien et danseurs s’attachent à partager entre bancs de sable, mouvements des corps et joyeuse réflexion partagée.
Evoquer l’émerveillement philosophique à travers les jeux de l’enfance est un sujet délicat. Mais ses nombreuses composantes sont pour Caroline Cornélis de « précieux combustibles chorégraphiques ». C’est en observant l’espace de la cour de l’école et le temps de liberté qu’offre la récréation, que la chorégraphe a imaginé 10:10. Cette antidote aux heures captives de l’enseignement qui forgent les jeunes esprits et les corps devient ici le prétexte à une danse des plus lumineuses. Structurée par le jeu, les relations et leurs interactions, trois danseurs contestent gaiement l’ordre établi enchainant d’amicales chamailleries où se mêlent réalisme et imaginaire. Ils ouvrent ainsi la voie à d’autres formes poétiques. Le rythme de la batterie recadre les échappées de ce temps libre très investi. A la présence du musicien sur scène s’agrègent des bribes de conversation et des sonorités de cuivres. Ainsi la cour de récréation devient peu à peu un véritable laboratoire chorégraphique. Et la compagnie Nyash maintient son cap : partir d’un contexte quotidien pour interroger la notion de territoire. Ici la cour de récréation et comment les enfants s’y font leur place.